Mobilisation générale
le contribuable:
Alors chacun y met du sien au quotidien. Surtout chez soi d’ailleurs pour réduire sa facture énergétique de plus en plus élevée. L’objectif est qu’à force, tous ces gestes deviennent des réflexes, partout, à la maison et au boulot ! Vous avez certainement remarqué que vos employeurs vous incitent à éteindre vos PC ou la lumière quand vous partez le soir, à trier vos déchets, à réduire le nombre de vos impressions au strict minimum ou de faire du recto-verso ou encore à consommer l’eau du robinet à la cantine…
Les entreprises
Les grandes entreprises, elles aussi, se mettent à la mode du vert, par respect de l’environnement parce qu’un certain nombre de normes et de lois les y contraignent, mais également parce qu’elles y trouvent leur compte ! Penchons-nous plus précisément sur les casinos. Leurs horaires d’ouverture sont très étendus, notamment une bonne partie de la nuit et toutes les salles de jeux sont fortement éclairées, de jour comme de nuit d’ailleurs, pour des questions de sécurité et aussi parce que les ouvertures sur l’extérieur sont souvent relativement limitées… Quant aux machines à sous elles sont désormais toutes régies intégralement par l’électronique, elles doivent donc être alimentées en permanence. Elles sont recouvertes de voyants, d’écrans et autres illuminations ou animations…
Aucun groupe de casino n’a divulgué sa consommation énergétique annuelle globale ou par établissement, mais quelques estimations avancent des chiffres équivalents à ceux d’un supermarché de taille moyenne (sans la partie réfrigération), autour de 300 MWh. Quand on sait que la France compte près de 200 établissements de jeux, la consommation énergétique totale de ce type d’entreprise peut très vite exploser !
Cas par cas: les 3 principaux groupes de casinos
Décidés à être des élèves modèles, les groupes de casinos français ont adopté un certain nombre de mesures pour réduire leur consommation énergétique et être plus respectueux de l’environnement. Les idées ne manquent pas et les casinos mettent en œuvre des solutions différentes en fonction de la région d’implantation de l’établissement de jeu.
Commençons par le Groupe Barrière, qui compte 39 casinos implantés partout en France. Ce géant de l’hôtellerie de luxe et des jeux d’argent vient d’obtenir la certification ISO 14001 pour tous ses établissements français. Pour faire court, cette certification « spécifie les exigences relatives à un système de management environnemental permettant à un organisme de développer et de mettre en œuvre une politique et des objectifs, qui prennent en compte les exigences légales et les autres exigences […] relatives aux aspects environnementaux significatifs. » Cette norme n’instaure donc pas de critère spécifique mais laisse l’entreprise déterminer quels aspects environnementaux elle a les moyens de maîtriser et ceux sur lesquels elle a les moyens d’avoir une influence. Barrière a baptisé sa démarche Planète Barrière et son logo représente un trèfle à quatre feuilles…
Les modifications du comportement commencent par le tri des déchets, l’utilisation de produits en emballages consignés, la réduction de la consommation de papier, d’eau et d’électricité, ce qui constitue finalement la base de la préservation de l’environnement et qui est simple à mettre en œuvre. Et ces initiatives sont bien appliquées dans tout le groupe : les supports marketing de présentation du Groupe Barrière ont été dématérialisés sur des supports digitaux et la facturation se fait sur IPad ; la consommation d’eau est réduite grâce à l’installation de nouveaux robinets avec un débit réduit (18 l/min au lieu de 32 l/min) dans toutes les chambres des hôtels du groupe qui ont été rénovés. Les sites s’impliquent également dans la collecte de bouchons en plastique et de piles usagées : en 2013, le Casino d’Enghien, a récupéré près de 160 kg de piles usagées.
Quant à la diminution de la consommation électrique, elle revêt différents aspects : tous les sites sont équipés de variateurs électriques et d’ampoules basse consommation, notamment au Casino de La Baule et de Trouville et la façade du Casino Barrière de Deauville est habillée à 100 % d’ampoules LED à basse consommation, spécialement développées pour le Groupe Barrière.
Les systèmes de chauffage se diversifient aussi. Ainsi au Casino de Ribeauvillé, le chauffage est assuré par une usine de bio-méthanisation. C’est un procédé technique basé sur la fermentation anaérobie des bio-déchets qui produit ainsi du biogaz. Celui-ci sert de combustible pour un moteur de cogénération qui produit à son tour de l’électricité. L’usine devrait produire six fois plus d’énergie qu’elle n’en consommera.
Le Casino de Jonzac est raccordé au réseau de chaleur de la ville ; celui-ci utilise des combustibles biomasses (bois de rebut déchiqueté) et la géothermie. Et à Lille, où le casino est également raccordé au réseau de chaleur de la ville, l’installation est équipée d’un système de cogénération par turbine à gaz, ainsi que de chaudières d’appoint au charbon et au gaz.
Enfin, au Casino de Royan, la climatisation monobloc classique a été remplacée par une solution avec refroidisseur à évaporation indirecte, installée par l’entreprise Bio Climatisation. Ce dispositif devrait assurer une économie d’énergie de 79 % à l’établissement par rapport à son ancienne installation, grâce à des rendements exceptionnels !
La diminution de l’utilisation des énergies fossiles est également d’actualité, puisque les véhicules de service deviennent désormais électriques : vous croiserez ainsi des Bluecar Bolloré au Casino d’Enghien et des Peugeot iOn au Casino de Leucate. Quant aux sacs plastiques qui servaient pour la collecte des jetons des machines à sous, ils ont été remplacés par des sacs réutilisables. Ainsi, au Casino du Touquet, le nombre de sacs utilisés est passé de plus de 200 000 à 1000 !
Dernière nouveauté au Casino de Saint-Raphaël, où les machines à sous sont devenues des sources d’énergie ! La récupération aurait permis de diminuer la facture d’électricité de l’établissement de 30 %. Et la récupération des jackpots des machines à sous, sous forme de ticket à échanger à la caisse (au lieu de pièces sonnantes et trébuchantes) a également contribué à rendre l’atmosphère de ce casino moins bruyante ! Parce que le développement durable c’est aussi la lutte contre la pollution sonore !
Par ailleurs, tous les casinos Barrière de France favorisent les initiatives locales, s’engagent dans le développement durable, utilisent des produits (en partie) issus de l’agriculture biologique, voire contribuent eux-mêmes directement à la protection de l’environnement.
Vous avez certainement entendu parler de ce qui arrive aux abeilles, non ? En France, la diminution alarmante du nombre d’essaims continue, et les pertes actuelles sont estimées entre 17 et 22 % de la population totale ; certains pays d’Europe frôlent même les 30 % de pertes d’abeilles. Alors, les casinos Barrière de différentes villes se sont dotés de ruches. Certaines sont installées dans les parcs alentour, d’autres sur les toits des établissements. Actuellement, ce ne sont pas moins de 28 ruches qui sont gérées par les établissements de Bordeaux, Cannes, Deauville, Dinard, La Baule, Paris et Ribeauvillé, et bientôt aussi à Lille et à Enghien. Sur une année, ce sont donc plus de 4000 kilos de miel récoltés qui finissent directement sur les tables des petits déjeuners des Hôtels Barrière…
Le Groupe JOA, troisième opérateur français avec 21 établissements de jeux, essentiellement situés dans des villes de taille moyenne, n’est pas en reste non plus dans la mise en œuvre de pratiques écologiques. Espérons que le changement des actionnaires majoritaires qui vient de se produire à la tête du groupe ne remettra pas en cause son implication dans le développement durable !
A Saint-Cyprien, se tiennent chaque année au mois de juin « Les journées Vertes du Casino ». Cette manifestation annuelle met en lumière diverses initiatives écologiques pour sensibiliser la population locale et les touristes : recyclage et créations à base de matières recyclées, présentation des énergies vertes, gestion de l’eau ou promotion de la production locale.
L’établissement d’Ax-les-Thermes bénéficie depuis l’été 2012 d’un chauffage thermodynamique. Ce système est basé sur l’utilisation de l’eau chaude thermale provenant du bassin de la Basse… Mais avant de pouvoir faire des économies et réduire d’un tiers les dépenses énergétiques, il a fallu beaucoup investir ! Ainsi cette installation aura coûté la bagatelle de 300 000 euros dont 25 % a été pris en charge par le casino ; le reste a été financé par la commune et par des subventions diverses. Les chiffres prévoient un amortissement en huit ans, ce qui semble raisonnable.
Les locaux techniques se trouvent dans les sous-sols du casino : l’un est dédié au captage, le second à l’échangeur et le troisième à la production de chaleur. Deux énormes pompes sont installées sur une dalle flottante isolée du reste du bâtiment afin d’éviter toute vibration ! Les spécialistes expliquent que « la technique repose sur un échangeur direct et deux pompes à chaleur géothermiques de type Eau-Eau et d’une puissance de 125 kW). »
Et pour réduire la consommation électrique, le casino de Montrond-les-Bains utilise depuis octobre 2012 les produits français Lucibel pour éclairer ses salles de jeux, ses espaces restauration, mais aussi les sanitaires et les couloirs de l’établissement. Cette entreprise innovante en pleine expansion a basé tous ses produits sur la DEL : cette puce électronique qui émet de la lumière, ne chauffe pas et est bien moins gourmande en énergie que l’éclairage classique.
Et surtout, comme la durée de vie d’un éclairage à DEL est plus longue que celle les ampoules classiques ou basse consommation, le remplacement des sources lumineuses (ou relamping) devient un problème négligeable ! On imagine sans peine le nombre d’heures de travail que l’électricien devait consacrer au remplacement d’ampoules usagées dans des casinos qui s’apparentent à de véritables sapins de Noël !
Et ailleurs dans le monde
Hors de l’Hexagone, je ne peux pas m’empêcher d’attirer votre attention sur l’établissement Marina Bay Sands Casino and Resort de Singapour. Vous avez certainement vu des photos de cette incroyable construction dont le toit ressemble à un énorme paquebot et qui domine la ville, juché sur trois immenses tours. Ce complexe futuriste intègre notamment à son pied un bâtiment en forme de fleur de lotus ouverte, chargée de recueillir les eaux pluviales qui, une fois filtrées, alimentent les sanitaires. Mais ce n’est pas tout : les « pétales » de la fleur servent de puits de lumière au musée qui y est implanté. Quant au système de climatisation, il fait appel lui aussi à un tout nouveau concept : seul l’air à la hauteur des visiteurs est rafraîchi, ce qui permet de faire de grosses économies d’énergie…
Casinos brique et de mortier contre casino en ligne
Finalement, je vais me faire l’avocate du diable en relayant les idées de certains, qui se demandent si les casinos en ligne, toujours illégaux en France actuellement rappelons-le, ne seraient pas finalement la solution la plus écologique pour résoudre les problèmes de consommation énergétique des établissements de jeux en dur ?
Après tout, entre la consommation électrique d’un ordinateur et celle de tout un casino, la comparaison est vite faite : pas la peine de s’appeler Einstein ! Mais d’un autre côté, les employés des casinos en dur seraient potentiellement autant de chômeurs supplémentaires qui viendraient grossir les rangs de ceux déjà trop nombreux dans notre pays… Écologie versus Emploi, le choix est malheureusement encore vite fait…
Notons aussi que certains casinos en ligne tentent de surfer sur la vague verte… Ainsi, le casino del Rio par exemple, a non seulement changé son enseigne pour adopter un design vert prairie évocateur mais il propose en plus de planter un arbre en votre nom si vous vous enregistrez sur son site… Peut être espère-t-il séduire des joueurs à l’âme écolo, qui sait ?
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